Varanasi, Inde, 2015.
En Inde seules les femmes massent les femmes. Le cadre du massage est très intimiste, avec une dimension comme sacrée d’un lien humain à la fois maternel et de sororité qui dépasse totalement la barrière de la langue. L’équipement est sommaire : une table de bois parcourue de tout son tour par une rigole recueillant l’huile de sésame, une petite lumière et quelques serviettes. Le toucher est franc et puissant, les mouvements répétés en rythme qui me font la sensation d’un grand nettoyage et d’une régénération totale de mon corps. Tout le corps est massé, jusqu’à l’aine et la poitrine. Il faut se laisser porter, ouvrir la confiance et laisser son corps se relier.
J’y reçois aussi le Shirodhara : allongée sur une table après un massage très tonique de la nuque et du cuir chevelu, la thérapeute serre un épais bandeau au niveau de mes sourcils. Elle approche de ma tête une grande cloche portée par un mât, dans laquelle a été chauffée de l’huile de sésame. Un filament d’huile s’écoule du bas de cette cloche sur mon front, qu’elle fait se promener en va-et-vient sur toute sa surface. La sensation de cette huile tiède qui dessine inlassablement un petit ruisseau sur mon front est incroyablement apaisante. Tout mon corps se laisse bercer par cette douce vague qui calme mon esprit et chasse mes pensées.
Ubud, Bali, 2017.
En Indonésie la sensorialité est honorée pour un éveil des sens absolument exceptionnel : des fleurs aux couleurs incroyables et parfums enivrants, une musique appelant à un état méditatif, la douceur des balinaises dans leur sourire et la bienveillance de leur toucher. Je suis accueillie dans la cour d’une grande maison à l’architecture de bois, de multiples coursives reliant les pièces. Un vrai jardin d’Eden : des dizaines d’orchidées trônent dans d’immenses pots de terre, des petites pièces d’eau entourées de fontaines où nagent paisiblement d’immenses carpes koï, et à chaque recoin des petits temples dorés et fleuris où brûlent des bâtonnets d’encens. Les salles de soins sont très soignées, toujours remplies de fleurs. Le Pujat Bali, massage traditionnel, est un massage à la fois tonique et enveloppant, fait de points de pressions suivant le parcours des méridiens et de pressions glissées à l’huile amenant à un relâchement total de toutes mes tensions. A la fin du massage, la thérapeute m’invite à m’assoir sur une des terrasses surélevées qui meublent la cour. En tailleur sur un gros coussin, je déguste un thé au gingembre avec une coupe emplie de fruits frais : papaye, mangue, ananas. Je suis dans un état de relaxation extraordinaire, à la fois légère et très consciente de toutes mes sensations, et en regardant les carpes danser, je laisse infuser en moi cette délicieuse alchimie…
J’aurais encore mille choses à en dire, de sensations à vous décrire, de décors à vous faire découvrir…
Ce sont des expériences à chaque fois très fortes pour moi, qui sont aussi celles d’un chemin personnel. Des expériences qui guident et enrichissent ma pratique, et qu’entre mes mains, je vous transmets.
« Suksema mawali » (« merci » en bahasa, la langue locale de Bali)
Lors de mes passages en Asie, je reçois des massages et tente de cueillir la richesse de la culture du toucher et du soin, qui est bien plus ancrée dans leurs traditions qu’en Occident.
L’accueil, les sensations, les techniques y sont très différentes des nôtres. J’y reçois une énergie très forte, parce que ça aussi, ça compte beaucoup dans ma pratique.